Liebelei
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CHRONIOUES
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douter. A son avis Fritz et Théodore les ont g plaquées ). Mais
elle veut en avoir le cceur net, elle va passer chez Théodore pour
savoir s’il est rentré.
Christine attend. A bout de patience elle veut y aller à son
tour, elle se heurte à Mizzie et à Théodore qui rentrent.
Théodore est habillé de noir et tres päle. Christine comprend
Fritz est mort.., Mais comment? En duel l. Pourquoi ?., Pour
une femme l., Pour une autre femme! (ue lui était-elle alors
s’il est mort pour une autre femme? li n’a rien compris à son
amour!
Elle veut le revoir. Théodore la retient. On l’a enterré le
matin méme. Mort, enterré! et elle n’en a rien su! Elle vent
aller sur sa tombe.,, Cette fois c’est Mizzie qui en empéche.
X N’y va pas.,, tu trouverais l’autre peut-étre..
Désespérée Christine s’enfuit. Théodore et Mizzie cherchent
en vain d la retenir. Ce n’est pas sur la tombe qu’elle va, son
vieux père l’a compris. Déf: ant il murmure ces mots:
g Elle ne reviendra pas.
& Amourette)! Amour et mort. Le thème ne varie guère. II
reste au cceur mème de l’ouvre si diverse de Schmitzler: Leit¬
motiv sans monotonie qui revient constamment comme reparait
dans tous les chefs d’oeuvre de Leonard de Vinci le sourire énig¬
matique de la Joconde.
Voici quarante ans bientöt que & Liebelei) fut créée an Burg¬
theater de Vienne, marquant pour ainsi dire Tavénement de
g Jung Wien ), de la jeune école viennoise, et consacrant du
jour au lendemain la célébrité d’Arthur Schnitzler. Depuis cette
piéce n’a rien perdu de sa fraicheur, de son charme subtil e:
de sa poignante vérité.
Jamais actrice plus seduisante que Mademoiselle Csepa n’in¬
carna le type de la blonde et humoristique petite viennoise,
jamais artiste plus émouvante que Paula Fessely ne rendit ä ce
point & crédible, le destin tragique de Christine. Jamais la jeu¬
nesse dorée de Vienne ne fut mienx interpétée que par la dis¬
crête mélancolie de Hans Thimig dans le röle de Fritz, par la
charmante désinvolture du debut et le bouleversement final de
Heinrich Schnitzler (le fils du grand poête) dans le röle de
Théodore.
Elles portent des chemisettes de lingerie, des jupes longues
et des bas noirs, ces gsüsse Mädel) qui parlent avec enthou¬
siasme de l’uniforme à revers jaunes d’un bel officier de dragon.
Elles ont des nattes et des petits canotiers perchés sur le haut
de leur téte, leurs amants sont des garçons insouciants qui n'ont
d’autre préoccupation que l’amour. Et cependant ils ne sont pas
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douter. A son avis Fritz et Théodore les ont g plaquées ). Mais
elle veut en avoir le cceur net, elle va passer chez Théodore pour
savoir s’il est rentré.
Christine attend. A bout de patience elle veut y aller à son
tour, elle se heurte à Mizzie et à Théodore qui rentrent.
Théodore est habillé de noir et tres päle. Christine comprend
Fritz est mort.., Mais comment? En duel l. Pourquoi ?., Pour
une femme l., Pour une autre femme! (ue lui était-elle alors
s’il est mort pour une autre femme? li n’a rien compris à son
amour!
Elle veut le revoir. Théodore la retient. On l’a enterré le
matin méme. Mort, enterré! et elle n’en a rien su! Elle vent
aller sur sa tombe.,, Cette fois c’est Mizzie qui en empéche.
X N’y va pas.,, tu trouverais l’autre peut-étre..
Désespérée Christine s’enfuit. Théodore et Mizzie cherchent
en vain d la retenir. Ce n’est pas sur la tombe qu’elle va, son
vieux père l’a compris. Déf: ant il murmure ces mots:
g Elle ne reviendra pas.
& Amourette)! Amour et mort. Le thème ne varie guère. II
reste au cceur mème de l’ouvre si diverse de Schmitzler: Leit¬
motiv sans monotonie qui revient constamment comme reparait
dans tous les chefs d’oeuvre de Leonard de Vinci le sourire énig¬
matique de la Joconde.
Voici quarante ans bientöt que & Liebelei) fut créée an Burg¬
theater de Vienne, marquant pour ainsi dire Tavénement de
g Jung Wien ), de la jeune école viennoise, et consacrant du
jour au lendemain la célébrité d’Arthur Schnitzler. Depuis cette
piéce n’a rien perdu de sa fraicheur, de son charme subtil e:
de sa poignante vérité.
Jamais actrice plus seduisante que Mademoiselle Csepa n’in¬
carna le type de la blonde et humoristique petite viennoise,
jamais artiste plus émouvante que Paula Fessely ne rendit ä ce
point & crédible, le destin tragique de Christine. Jamais la jeu¬
nesse dorée de Vienne ne fut mienx interpétée que par la dis¬
crête mélancolie de Hans Thimig dans le röle de Fritz, par la
charmante désinvolture du debut et le bouleversement final de
Heinrich Schnitzler (le fils du grand poête) dans le röle de
Théodore.
Elles portent des chemisettes de lingerie, des jupes longues
et des bas noirs, ces gsüsse Mädel) qui parlent avec enthou¬
siasme de l’uniforme à revers jaunes d’un bel officier de dragon.
Elles ont des nattes et des petits canotiers perchés sur le haut
de leur téte, leurs amants sont des garçons insouciants qui n'ont
d’autre préoccupation que l’amour. Et cependant ils ne sont pas