II, Theaterstücke 16, (Lebendige Stunden. Vier Einakter, 3), Die letzten Masken (Der sterbende Journalist), Seite 26


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Cl. Waléry.
Mmne Véra Sergine (röle d'Ariane)
nous ont conté l’infortune, et à laquelle Ra¬
eine fait allusion lorsque, dans Phédre, il
nous dit, dans ces vers si harmonieux:
Ariane, mia sceur, de quel amour blessee
Vous mourütes aux bords on vous étes laissée.
LAriane de M. Allou, elle aussi, vit en
Grèce; elle aussi, elle est blessée d’amour,
mais elle na peut-étre pas autant à se plain¬
dre de son époux que son homonyme du
sien Ellena pas été abhandonnée, mais
elle reproche à son époux Lysis de ne pas
etre sulfisamment juloux de la cour que Jui
font ses amis, jeunes Grecs aux allures élé¬
gantes, aux brillantes chlamydes.
Le sculpteur Démios, plus ardemment
epris d’Ariane que ses rivaux, poignarde Ly¬
sis qulil surprend sur les pas de la courti¬
sane Evadné. Devenue veuve, Ariane ne
tardé pas à sentir en elle l’espor d’une ma¬
ternite prochaine. Cette esperance la con¬
sole.
L’'cuvre de M. Maurice Allou a été écou¬
tée avec sympathie. Elle fait songer aux
idviles ou se complaisait la muse délicate et
athénienne d’André Chénier: le poête à goo¬
té au miel des abeilles de l’Hymette, tout
pres des bords de l'llissus, dont Socrate, en¬
touré de ses disciples, suivait le cours en
tenant ses sandales pour baigner ses pieds
Hus.
Mmne Vera Sergine a personnifié Ariane
avée beaucoup de sentiment et d’émotion:
elle a été tres applaudie. Citons encore MM.
##an, Garrigues et Ducollet.

Le spectacle avait commencé par les Der¬
niers Masques, une comédie de l’auteur au¬
trichien A. Schnitzler, habilement traduile
par MM. Remon et Valentin. La scène se
passe dans un hopital. Un pauvre diable de
jeurnaliste, Rademacker, se meurt épuisé
par ia misère et rongé par la bile. II de¬
mande à un des médecins de lhopital d’aller
ini chercher un de ses anciens camarades,
Alexandre Weihgast, devenu auteur à suc¬
ces. Un comédien, son compagnon de salle,
qui crache les restes de son dernier poumon,
demande au journaliste ce qu’il attend de
Tauteur célebre. a Je veux, répond le jour¬
naliste, iui dire mon mépris, ine venger de
sa gloire; il saura que sa nullité était per¬
cée à jour mème par sa femme, qui fut ma
maitresse pendant deux ans. 9 Et le journa¬
liste et ie comédien jouent d’avancé la scène
qui va se produire, quand Weihgast sera lä.
Weihgast arrive. II parle à son ami avec
bonté; il essaie de le consoler en lui rucon¬
tant ses propres peines ses luttes contre les
nouveaux venus, ses inquiétudes. Ii termine
par ces mots: & Si je n’avais pas nia fem¬
#me pour me soutenir, ma vie serait hien
pen de chöse v. Charles Rademacker,
étonné, peut-étre ému, se tait: il n'a ap¬
pelé son ami, lui dit-il, seulement que pour
lui serfer la main une dernière fois. Weih¬
gast s’éloigne. Au comedien, qui l’inter¬
roge, le journaliste répond: & Je plains ceux
qui vivront encore demain! „
Cette ceuvre curieuse, étrange, mysté¬
rieuse, a obtenu un vif succès. Elle a en
dexcelients interprétes: MMl. Dhiestal,
Henri Rollan et Lugné-Poé, qui a donné le
cnractère de la verité au personnage de
Weihgast.
Telephen 12.801.
D4
„ODSERTER
1. öeterr. behördl. konz. Unternehmen für Zeitungs-Ausschaltte
Wien, I., Conoordiaplatz 4.
Vertretungen
in Berlin, Basel, Budapest, Chicago, Cleveland, Christiania,
Gent, Kopenhagen, London, Madrid, Mailand, Minneapolis,
New-Vork, Paris, Rom, San Francisco, Stockholm, St. Peters¬
burg, Toronto.
(Osch nangabe ohne Gewähr).
Aussehnftt auspa Roynle
Paris
Far 1912
rm
L’CEuvre, à qui nous dümes, naguère, tant d’inoubliables,soi¬
rées et Björnson, Macterlinck et lbsen, continue son utile
besogne en nous révélant de loin en loin d’intéressantes nouveau¬
tés. L’étranger y fut représenté, ce mois-ci, par les Derniere
Masques, un acte saisissant et macabre de M. Schnitzler, qui fait
dire par un moribond sur son lit d’höpitai
amères. II a été tres applaudi. Ariane blessée, de M. Allou, est une
moralité lyrique en trois actes, avec des costumes antiques. II ne
s’agit point, comme on pourrait le croire, de la tragique sceur de
Phedre, mais d’une jeune Hellène gracieuse, de ses hlançailles, de
son mariage, de son veuvage, de sa maternité. Ainsi, dans les
triptyques des vieux peintres, on volt hguré en trois images ie
raccourei d'unc destinée. Cette fable sans heurts et sans trouble
nous fut contée en jolis vers, d’une forme harmonieuse et pure, un
peu dénuée de relief, auxquels M“ Vera Sergine vint au sortir
de Bel-Ami, prêter l’émotion de sa voix et la beauté de ses atti¬
tudes — cela pour nous rappeler, sans doute. qu'elle sait étre
successivement comédienne et tragédienne.. Voilà une chose
entendue.
GABRIEL. TRARIEUx./