Impressions de Vienne
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Eindrücke aus Wien
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On a souvent comparé le Prater à notre Bois de Boulogne. C’est aussi, du
moins vers son entrée, quelque chose comme la foire
de Neuilly. Jadis les archiducs ne dédaignaient pas d’y aller faire un tour;
mais les archiducs sont en exil. Aujourd’hui, parmi les piétons, il n’y a que du
peuple, du tout petit peuple. Sur le bord des allées, des marchandes débitent des
gâteaux à la poussière et des saucisses à la moutarde. Il fait beau, des nuages
légers, soyeux, voilent agréablement le soleil.
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Oft wurde der Prater mit unserem Bois de Boulogne verglichen.
Zumindest beim Eingang gemahnt er auch an den Jahrmarkt von Neuilly. Früher scheuten sich Erzherzöge nicht, dort einen Spaziergang
zu machen; aber die Erzherzöge sind im Exil. Heute gibt es unter den Fußgängern nur
Volk,
einfachstes Volk. Am Rande der Alleen verkaufen Händlerinnen staubige Kuchen und Würstchen
mit Senf.
Das Wetter ist schön, leichte, seidige Wolken verschleiern die Sonne.
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Les jeunes filles et les enfants se sont déguisées en Dirndl1; c’est la mode, quand vient l’été: jupe à fleurettes
Pompadour, boléro qui s’échancre sur une chemisette blanche et petit tablier de
couleur éclatante: rouge coquelicot, vert pré, violet-évêque. Tout ce monde achète
des confiseries et de la charcuterie. Aux »montagnes-russes«, les voitures sont
prises d’assaut. Dans les descentes vertigineuses, les tabliers pourpre et leurs
frères les tabliers épinard sont comme fous de joie et poussent des cris aigus. . . Demain, ce sera lundi bleu2. Le travail ne recommencera qu’à onze heures. La vie
est courte. Amusons-nous. . . Cependant, rappel de la guerre,
des soldats mutilés mendient ou vendent des allumettes. L’un exhibe son moignon,
l’autre ses pieds articulés; un troisième est aveugle. On leur donne, mais peu: la
pitié s’émousse.
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Die Mädchen und Kinder haben sich als Dirndl1 verkleidet;
das ist Mode, wenn der Sommer kommt: ein Rock mit Streublümchenmuster, ein ärmelloses
Mieder über einer weißen Bluse, und eine kleine Schürze in einer leuchtenden Farbe:
mohnrot, grasgrün, bischofsviolett. All diese Leute kaufen Süßigkeiten und
Wurst. Die Wagen der »Achterbahn« werden gestürmt. Bei den schwindelerregenden
Talfahrten kreischen die purpurnen Schürzen und ihre Schwestern, die Spinatschürzen,
wie verrückt vor
Freude. . . Morgen ist der Blaue Montag2. Die Arbeit wird erst um elf Uhr wieder aufgenommen.
Das Leben ist kurz. Lasst uns Spaß haben. . . Und doch, da ist die
Erinnerung an den Krieg, verstümmelte Soldaten betteln oder verkaufen
Streichhölzer. Einer zeigt seinen Stumpf, ein anderer seine Prothesen, ein dritter
ist
blind. Man gibt ihnen, aber nicht viel: Das Mitgefühl schwindet.
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Nous nous engageons sous les marronniers de la grande allée. La lumière magnifique
de
cette journée de juin prête à ce qu’elle touche un merveilleux prestige. Des tilburys
passent, attelés de fins trotteurs superbement harnachés. Leurs mors, leurs
gourmettes étincellent. Sur leur poitrail ondulent d’étroites et longues courroies
blanches.
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Wir nehmen den Weg unter den Kastanienbäumen der Hauptallee. Das herrliche Licht dieses
Junitages verleiht allem, was es berührt, einen wunderbaren Flair. Tilburys ziehen vorbei,
vorgespannt sind fein herausgeputzte Traber. Ihre Kandaren und Zaumzeuge blitzen.
An
der Brust winden sich lange, schmale weiße Riemen.
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La Suesse Mædel3 se promène lentement avec son ami. La gentillesse de
cette grisette anime les promenades. Sans elle, Vienne ne serait plus Vienne. Avec un rien, elle s’habille| plaisamment. . . Mieux qu’aucun, Arthur Schnitzler,
l’auteur dramatique, a su la dépeindre: »Elle a dix-sept ou dix-huit ans. . . Elle est blonde et encore mince. . . Elle n’est pas d’une beauté fascinante, elle n’est pas d’une intelligence
transcendante; mais elle a le charme d’un soir de printemps. . . « Toujours sentimentale, elle a, depuis la guerre, perdu sa qualité essentielle: le
désintéressement. Schnitzler lui-même le
reconnaît. Comme je lui parlais de la Suesse Mædel: – Que
voulez-vous? me dit-il, la vie est chère. . . les bas de soie
aussi. . .
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Das süße Mädel3 flaniert mit ihrem Freund. Die Liebenswürdigkeit
dieser Grisette belebt die Spaziergänge. Ohne sie wäre Wien nicht mehr Wien. Mit einem Minimum an Aufwand zieht sie sich hübsch an. . . Der Dramatiker Arthur Schnitzler beschrieb sie besser als jeder andere: »Sie ist siebzehn
oder achtzehn Jahre alt. . . Sie ist blond und noch
schlank. . . Sie ist nicht faszinierend schön, sie ist
nicht überragend intelligent, aber sie hat den Charme eines Frühlingsabends. . . « Sie ist stets sentimental, hat aber seit dem Krieg
ihre wesentliche Eigenschaft verloren: die Unbekümmertheit. Schnitzler selbst gibt dies zu. Als ich mit
ihm über das Süße Mädl sprach: – Was soll man machen? sagte er zu
mir, das Leben ist teuer. . . Seidenstrümpfe auch. . .
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1 Paysanne des Alpes.
2 Tous les lundis sont bleus; mais il n’y a qu’un dimanche doré: celui qui précède Noël, à cause des acquisitions qu’on y fait; et un seul jeudi vert: le jeudi-saint, parce que, ce jour-là, on ne doit manger que des légumes verts. 3 Littéralement: la jeune fille sucrée. |
1 Bäuerin aus den Alpen.
2 Alle Montage sind blau; aber es gibt nur einen goldenen Sonntag: den vor Weihnachten, wegen der Einkäufe, die man macht; und nur einen Gründonnerstag: An dem Tag darf nur grünes Gemüse verzehrt werden. 3 Wörtlich: das junge, süße Mädchen. |